02/03/2014

Selon l'USAID, une gestion efficace de l'eau peut prévenir des conflits

D’après un nouveau rapport de l'Agence des États-Unis pour le
développement international – USAID, les pays dont l'approvisionnement
en eau n’est pas fiable sont plus exposés aux conflits. Le rapport, intitulé "Water and Conflict: A Toolkit for Programming"
(Eau & Conflit : une stratégie de gestion), a été rendu public le 24
février au Centre international Woodrow Wilson, à Washington. Il en
ressort que les conflits naissent souvent de la concurrence pour l'accès
à l'eau ainsi que d'à autres ressources naturelles. Une gestion
efficace de l'eau peut permettre aux parties aux revendications opposées
de se réunir pour éviter un conflit et œuvrer à la réconciliation.

Le
rapport a été rédigé afin de servir de ressource pour les professionnels
de l'aide et du développement dans les zones fragiles et touchées par
des conflits, a déclaré Melissa Brown, directrice du bureau de gestion
et d’atténuation des conflits de l'USAID. Dans les pages d'introduction,
Mme Brown affirme que le rapport peut guider les professionnels du
développement au moment d'évaluer les risques de conflits d'une région
ainsi que les possibilités de négocier la paix et de promouvoir la
résilience. Le rapport indique également que la croissance démographique
et les déplacements de population vers les zones urbaines constituent
des défis majeurs posés à la gestion des infrastructures hydriques. La
demande accrue ira de pair avec la concurrence à l’eau si la
disponibilité en eau potable par habitant n'est pas gérée de manière
efficace et équitable. Pour une gestion efficace de l'eau, il convient
également de tenir compte de facteurs tels que la très forte demande
dans les secteurs agricole et industriel et de partager les informations
concernant les fluctuations de l'approvisionnement en eau et la
sécurité de l'eau, indique le rapport. "Le partage efficace des
informations relatives à l'eau dans des situations d'urgence, telles que
les inondations ou les contaminations graves, est fondamental pour
protéger la santé humaine et environnementale, ainsi que pour gérer les
sentiments d'insécurité dans des situations tendues et précaires",
précise le rapport. Un autre facteur qui a lui aussi une incidence sur
la gestion de l'eau est celui du manque de transparence concernant les
droits sur l'eau et les contrats du secteur privé qui peuvent cacher des
traitements de faveur ou une corruption de la gouvernance, indique le
rapport. "La corruption peut accroître la marginalisation et
l'exploitation des populations défavorisées et vulnérables",
souligne-t-il. Certaines pratiques traditionnelles, les politiques de
l'eau, les courants en amont et en aval, la pollution, le changement
climatique et les catastrophes naturelles sont autant de facteurs qui
affectent également la disponibilité, la qualité et l'accès à l'eau,
indique le rapport. Il affirme qu'une faible résilience aux
perturbations environnementales peut faire baisser la productivité
économique, faire augmenter le chômage et porter atteinte à la
perception publique quant aux compétences des institutions
gouvernementales.

"L'eau représente un intérêt commun même dans des communautés ou régions qui sont par ailleurs profondément divisées",
a déclaré Chris Kosnik, le directeur intérimaire du bureau responsable
des ressources en eau au sein de l'USAID, lors de l’évènement au Centre
Wilson. "L'eau peut être un puissant facteur de cohésion, favorisant
la coopération et la négociation, plutôt que la rivalité et la violence"
,
a-t-il ajouté. M. Kosnik a annoncé que pour la première fois, à partir
de 2014, l'USAID disposera d'une stratégie centrée sur l'eau. L'effort
prévu sur cinq ans vise à garantir que 10 millions de personnes
supplémentaires aient un meilleur accès à l'eau potable, que 6 millions
de personnes reçoivent un meilleur accès à l'assainissement, et que 3
autres millions aient accès à une meilleure productivité agricole.

Le
rapport encourage notamment les pays à établir des relations de
collaboration formelles et informelles entre institutions dans les
secteurs du contrôle et de la gestion de l'eau, ainsi que dans
l'investissement. Il affirme également que les pays doivent rendre
l'accès à l'eau potable plus abordable et équitable, améliorer la
connaissance des citoyens relative à l'eau en tant que ressource et sur
son utilisation, améliorer la communication entre les citoyens et les
décideurs politiques, et tenir compte du risque de conflits lié à
l'accès à l’eau. "La gestion juste et efficace des ressources hydriques nous concerne tous", a souligné Mme Brown.

Kathryn McConnell, IIP Digital (Washington) – 25-02-2014

pdf Water and Conflict: A Toolkit for Programming